Simon Yates entretient depuis longtemps une relation complexe avec le Giro. Malgré son attachement profond à cette course, il a souvent été confronté à des revers douloureux. En 2018, il semblait pourtant promis à la victoire : leader pendant 13 jours et vainqueur de trois étapes, il a connu une spectaculaire défaillance à seulement deux jours de l’arrivée à Rome. Les années suivantes ont été marquées par des maladies, des blessures et un manque de constance, le contraignant à abandonner ou à terminer loin des premières places, rendant sa quête du titre particulièrement difficile.
Après deux ans d’absence, Yates est revenu cette année avec une détermination silencieuse, sans figurer parmi les favoris du départ. Tout au long de la course, il a fait preuve de patience, restant dans le peloton sans se faire remarquer. C’est lors de la 20e étape, sur les pentes du Colle delle Finestre – là même où il avait craqué en 2018 – qu’il a lancé une attaque audacieuse, distançant les autres prétendants au titre. Il a ainsi conquis le maillot rose qu’il a conservé jusqu’à la dernière étape à Rome, où il a célébré sa première victoire au Giro et son deuxième Grand Tour après la Vuelta en 2018.
Son transfert chez Visma-Lease a Bike a joué un rôle déterminant. Après avoir quitté son équipe de toujours, Jayco–AlUla, à la suite du départ de son frère jumeau Adam, Yates a rejoint la formation néerlandaise, réputée pour son expertise sur les Grands Tours. L’équipe, soutenue notamment par la star Wout van Aert, lui a fourni un soutien stratégique essentiel. Contrairement aux années précédentes, Yates a adopté une approche plus réfléchie et mesurée, évitant les attaques précoces et attendant le bon moment pour frapper. Bien qu’il n’ait remporté aucune étape – une première pour un vainqueur du Giro depuis Alberto Contador en 2015 – son timing et sa résilience ont fait la différence.
Cette victoire est pour Yates moins une revanche qu’une libération. Le poids émotionnel qu’il portait depuis 2018 semble s’être dissipé lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée, les larmes aux yeux, témoignant des années de lutte et de persévérance. Il prévoit désormais de soutenir Jonas Vingegaard lors du Tour de France, tout en espérant peut-être des victoires d’étape personnelles. Ce succès met fin à un chapitre éprouvant de sa carrière et ouvre la voie à de nouveaux objectifs. Comme il l’a confié après sa victoire : « La vie tourne, elle donne et elle reprend », marquant un moment de soulagement plus que de revanche.
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